L.M. Montgomery était un produit de l’héritage et du contexte de son époque. Ses écrits sur l’Île-du-Prince-Édouard sont le reflet de ses antécédents et de ses valeurs. Pour elle, l’Île était un lieu physique et émotionnel, et, comme Anne, elle lui portait un amour passionné. Même avant que Montgomery écrive Anne, l’Île attirait les touristes vers ses « jardins » côtiers.

Là où les Mi’kmaq s’étaient habilement adaptés à leur environnement, les colons européens des 18e et 19e siècles l’ont soumis à leur volonté. À l’époque de Montgomery, quatre groupes ethniques – Écossais, Irlandais, Anglais et Acadiens – représentaient environ 95 % de la population de l’Î.-P.-É. La géographie humaine de l’île d’Anne était le reflet de leur bagage culturel, de leurs coutumes, de leurs valeurs, de leurs priorités et de leurs expériences. Dans les régions rurales de l’Î.-P.-É. en particulier, les différents groupes ethniques et religieux avaient tendance à se côtoyer sans vraiment se mélanger.

L’Avonlea et l’île fictives de Montgomery sont éclairés par son expérience et colorées par son point de vue particulier, puis transposés à l’aide de son génie littéraire. Les spécialistes qualifient souvent Cavendish (Avonlea) de village, mais en réalité, c’était une mosaïque de fermes disposées le long des routes d’argile rouge. Les réalités du transport faisaient en sorte que la plupart des gens travaillaient, allaient à l’église, se courtisaient, fréquentaient l’école, socialisaient, vivaient et mouraient à quelques milles de chez eux.

Que peut nous apprendre la lecture d’Anne… la maison aux pignons verts sur la nature et le paysage de l’île? Comment les habitants de villages comme Avonlea voyaient-ils et façonnaient-ils les terres et les eaux qui les entouraient? Montgomery a peut-être idéalisé la petite ferme familiale mixte de l’Île-du-Prince-Édouard du 19e siècle, mais il y a de précieuses leçons environnementales à tirer aujourd’hui de ses images et de ses histoires.

La maison des grands-parents Macneill de Montgomery à Cavendish, où elle a grandi de sa petite enfance jusqu’à l’âge adulte, représentait bien plus qu’un simple lieu de vie; elle était essentielle pour son imagination et son identité. Chaque élément de la maison et du terrain environnant lui était cher et a inspiré la passion pour les maisons et les foyers dans ses romans.

Le cadre et certains éléments du lieu aujourd’hui connu sous le nom de Site patrimonial Green Gables ont été des sources d’inspiration reconnues pour le Green Gables fictif de Montgomery; même son vrai « sentier des amoureux » s’y trouvait. La ressemblance entre la ferme originale et celle du roman est devenue plus forte et plus soutenue au fil du temps, à mesure que le tourisme transformait Cavendish.

La beauté de Cavendish et de ses environs a inspiré une grande partie de la fiction de Montgomery. Elle a contribué à y attirer les touristes durant sa vie et continue de le faire aujourd’hui. D’autres sites autour de Cavendish rendent hommage à Montgomery et à son héritage, enraciné dans cette « petite péninsule triangulaire qui se jette dans le golfe du Saint-Laurent ».